OrcQuest

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Il était une fois, dans le Royaume d’Istarra, des Humains qui voulaient tuer des peaux-vertes… Après avoir copiné avec les autres races locales (Nains, Elfes, Barbares), ils ont décidé d’éradiquer les Orcs qui vivaient dans les forêts. Ayant eu vent de cette mauvaise intention, les Orcs ont voulu prendre les armes et massacrer les Humains avant. Seuls quelques sages chez les Orcs, craignant pour leur peuple, préférèrent tenter de retrouver les responsables Humains de ce soulèvement et de les faire changer d’avis… Mais à leur manière… OrcQuest WarPath, c’est tout d’abord un projet Kickstarter lancé en 2018 par Maze Games, qui a rassemblé plus de 2200 backers. Une grosse boite de jeu, pléthore de figurines, tas de cartes, monticules de jetons. Une dizaine d’extensions, chacune proposant un supplément de règles, une nouvelle race de figurines, quelques tuiles, cartes, jetons, et une campagne pour utiliser tout ce matériel. Manque de chance pour les backers, le projet n’a pu aboutir. Puis, en 2022, Monolith (connu pour Conan et Mythic Battles notamment), rachète les droits du jeu et tente un coup de poker. L’idée c’est de relancer un Kickstarter, avec une seule proposition, le ALL-IN du jeu à 135 euros. Très peu de Stretch goals, ceux-ci ayant déjà été débloqués pendant la première campagne sous forme d’extensions disponibles dans le all-in. Pari tenté, pari gagné : le projet est validé, les deux générations de backers recevront leur jeu en all-in moins d’un an après.

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Dès le mois de septembre 2023, c’est le bonheur, les jeux arrivent ! Deux grosses boites sont livrées pour un total d’une dizaine de kilos. C’est le jackpot : 172 figurines, 27 plateaux recto-verso, 991 cartes, 44 dés, plus de 400 jetons… Quantité OK, validé. Regardons de plus près : des figurines de qualité et très détaillées. Tout un tas de héros, du jeu de base à l’extension de 5 héros, avec un ou deux héros supplémentaires à chaque extension. Les héros se déclinent avec des Or,cs des Gobelins, un Troll, un Minotaure, etc. Les ennemis arrivent par race. Chaque race comporte généralement deux ou trois troupes, une poignée de figurines plus rares et plus puissantes, et le boss de chaque race. Notons les originalités : les Porks, espèces d’hommes cochons, les Hommes-Rats (j’ai dit Skaven ?), des Gnolls, des Barbares différents des Humains, qui forment un peuple à part, puis des races plus classiques, comme les Nains, les Elfes, les Morts-Vivants. Donc beaucoup de figurines différentes et très typées. Les cartes sont également de bonne facture. Le matériel d’équipement est coloré, les cartes de compétences proposent toutes une petite image représentant l’effet de la carte. Chaque figurine possède au moins une carte contenant des caractéristiques et compétences, avec pour chacun une citation typique de la figurine représentée, en plus de son portrait. Les jetons sont très nombreux et colorés, le carton est épais, solide. Les dés sont également très fins, et colorés. Les schémas sur les faces sont gravés et également colorés. Ces couleurs jouent un rôle dans les règles du jeu… Qualité OK, validé.

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Les mécanismes du jeu, classiques et à la fois innovants. Solo ou coopératif, sans Maître de Jeu. On reste dans du dongeon crawl, on furète, on tape, on amasse, et on évolue ! Mais ce n’est pas tout. Beaucoup de mécanismes sont originaux. Commençons par les fiches de personnages (héros, ennemis et boss). Ils comportent de nombreuses informations sur le profil : attaque, défense, déplacement. Mais ils ont également des compétences spécifiques, des réactions en défense, et des comportements aléatoires pour les ennemis selon le résultat du dé avant de les activer. Ce qui peut aller de la fuite à une attaque agressive en passant par diverses possibilités selon les profils, et des améliorations lors de l’attaque. En effet, en plus des dés d’attaque et de défense, il y a un autre dé permettant de tester la réussite d’une compétence. Les attaques et défenses des héros se sont selon leur équipement actif, très varié également, et pouvant être krafté, c’est-à-dire amélioré au fur et à mesure de l’exploration, en récupérant des matières premières. Pour ne pas trop entrer dans les détails, il faut également préciser que les points de vie de chaque figurine comportent une quantité, mais également un niveau représenté par une couleur. Une attaque faible (jaune) ne blessera pas une figurine de niveau orange ou rouge. Tout comme une parade jaune ne bloquera pas un impact orange ou rouge. Tout un système de niveau et de puissance très bien rendu. Les actions des héros se font à partir de deux points d’action par tour par héros. Au départ, chaque héros à 3 compétences : un combat, un déplacement, et un autre comportement selon sa classe. Chaque compétence se déclenche via un point d’action, certaines ont une variante plus puissante pour deux points d’action au lieu d’un seul. Au fur et à mesure du jeu, on peut débloquer de nouvelles compétences, de plus en plus puissantes. Comme par exemple courir et frapper, avec possibilité d’optimiser avec un bonus d’attaque. Ou en défense, enchainer une esquive complète avec une contre-attaque. Une très bonne idée a été de proposer certains monstres comme les Boss Porks ou la Gargouille avec une fiche Héros, permettant de les jouer comme Héros de rechange.

Le système d’exploration est assez original également. On place de jetons présence dans la pièce dévoilée (un peu comme les blips de Space Crusade) mais en respectant un placement généré aléatoirement grâce à une piste représentant la salle dévoilée, sur laquelle on jette des dés. L’effet de surprise est alors renouvelé à chaque fois. Les Patrouilles sont un groupe d’ennemis qui suivent un chemin prédéfini. Chaque tour, une carte Patrouille est tirée et détermine le mouvement de la ou des patrouilles en jeu (avec des effets parfois surprenants et inattendus), puis on teste également pour voir si une autre patrouille entre en jeu. La mise en place et le rangement ne sont pas plus longs que pour un autre jeu de ce type, au contraire. Des thermoformages facilitent grandement la gestion des éléments.

Les parties sont longues, voire très longues, pouvant durer 4 heures, surtout si on joue avec 4 joueurs différents. L’intérêt du jeu est quand même d’évoluer au fur et à mesure des scénarios. Plutôt prévoir donc plusieurs soirées pour pouvoir apprécier le jeu sur la continuité. Les premières parties sont compliquées au début. Le jeu est très riche, beaucoup de vérifications de règles selon les situations, d’oublis de détails. La mécanique est plutôt lourde. Régulièrement, des situations et interactions ne trouvent pas solution dans les règles. Il faut donc essayer de les suivre bêtement, ou bien d’imaginer la situation et de réagir en conséquence. J’ai préféré opter pour une logique moins stricte dans le suivi des règles, et adopter des comportements qui me semblaient plus logiques ou réels selon les situations. Malgré mon expérience (et j’ai eu affaire à la première version de Conan et de Z-First Impact), il m’a fallu jouer deux fois le premier scénario, puis j’ai avancé jusqu’au troisième, et finalement, j’ai tout recommencé à zéro, pensant arriver enfin à comprendre le jeu.

Un exemple de tour de jeu :

  • Orrus, guerrier Orc, utilise une action d’attaque contre un ennemi, mais ne le tue pas
  • L’ennemi a contre-attaque, ce qui lui permet de porter également une attaque
  • Orrus à une compétence Riposte qui permet de placer un coup lorsqu’il est attaqué
  • Un autre ennemi, qui possède une capacité de soutien, permet également une contre-attaque contre Orrus
  • Grâce à une autre compétence, Orrus, une fois activé, donne un point d’action à un allié, qui peut jouer une carte compétence
  • Puis on revient vers Orrus qui utilise son deuxième point d’action, une autre attaque par exemple
  • L’ennemi ne peut pas utiliser sa réaction une deuxième fois
  • Fin du tour d’Orrus, qui tire alors une carte Évènement (ce peut être un truc cool, comme gagner une action immédiate, ou moins cool, comme s’énerver et frapper un héros adjacent)
  • Puis le deuxième héros joue ses deux actions, et tire une carte Évènement
  • Pareil pour le troisième, puis le quatrième héros
  • On peut jouer des points Bonus (appelés Badass) pour éventuellement ajouter des points d’action bonus aux héros
  • Ensuite on tire les cartes qui vont gérer le comportement des patrouilles en jeu
  • Et on tire encore une carte Patrouille pour voir si une nouvelle patrouille entre en jeu
  • Vient enfin le tour des ennemis qu’on regroupe par petits groupes
  • Chaque groupe tire un dé d’activation pour voir ce qu’il va faire (fuite, attaque, etc.)
  • On joue chaque figurine de chaque groupe
  • Vient la fin du tour ou chaque héros peut faire évoluer son matériel, gagner des compétences, jeter du matériel aux autres, ressusciter un héros mort
  • FIN du premier tour de jeu…

Malgré la lourdeur de la mécanique, le jeu est très riche en règles, interactions, nouveautés. Il y a un pur plaisir à jouer des Héros Orcs, bestiaux et cruels. On démembre des paysans, on saccage des villages, on tue des Soldats et des Gardes. On pourfend des chiens de paysans qui montent la garde. Plein d’éléments de jeu sont funs : bouffer les poulettes des paysans pour regagner de la vie, se déplacer camouflé et se faire dévoiler par un chien qui nous repère à l’odorat, défoncer une porte en blessant l’ennemi qui se tenait derrière, transpercer un ennemi et blesser un second qui se tenait trop près derrière, faire fuir les paysans et les tuer en les frappant dans le dos, et bien d’autres situations assez brutales. Un autre plaisir est de faire évoluer ses héros : générer des combos, acheter de nouvelles compétences, améliorer (krafter) son équipement, récupérer des reliques dans les missions.

Un jeu passionnant, demandant de s’investir pour la compréhension des règles et pour l’évolution de ses personnages. Du matériel de qualité agréable à utiliser. On aurait aimé du mobilier en 3D, car très présent dans le jeu. Une fois passé la désagréable étape de galères sur la compréhension des règles et les situations spéciales nécessitant un arbitrage, il ne reste que du fun, beaucoup de fun et de plaisir à évoluer dans le jeu. Premier kickstarter (Maze Games) : https://www.kickstarter.com/projects/1504466921/orcquest-warpath-the-boardgame?lang=fr Second kickstarter (Monolith) : https://www.kickstarter.com/projects/806316071/orcquest-warpath-resurrection?lang=fr

Rédigé par Ginger.

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