L’homme à la veste en tweed ne semble pas être sa place dans cette taverne malfamée et enfumée. Un sourire illumine son visage quand il vous aperçoit. Il vous fait signe de vous assoir. En prenant une chaise, il sort une cigarette, l’allume et aspire une profonde bouffée. « Si quelqu’un vous le demande, cela ne s’est jamais passé », annonce-t-il, regardant par-dessus ses épaules avec nervosité. « Je ne suis jamais venu ici et on ne s’est jamais rencontré. Est-ce clair ? »
Satisfait par votre acquiescement, il se penche, exsudant la sueur et le whisky. « Je suis le chef du département d’anthropologie à... en fait, vous n’avez pas besoin de le savoir. Ce n’est pas la plus grande université de l’état, mais elle est suffisamment importante pour que je perde mon travail si cette histoire s’ébruite. S’ils réalisent que… » Il s’arrête et tire à nouveau sur sa cigarette.
« Elle s’appelle Ruth Wolcott. La professeur Ruth Wolcott. Elle est arrivée avec des références et de l’expérience. Comment aurais-je pu savoir ? Oui, elle est belle, suffisamment belle pour que l’on dise que je l’ai embauchée pour sa beauté. Mais elle a des qualifications, croyez-moi ! Bref, elle m’a dit qu’elle voulait étudier la tablette. Je la lui ai donnée, bien entendu. Elle l’a emmenée chez elle pour l’étudier en privé et j’ai commencé à douter d’elle. Quand j’abordais le sujet avec elle, elle menaçait d’aller tout dire au doyen sur notre... relation non professionnelle.
Maintenant, elle a disparu. Tout comme la tablette. L’université n’en sait rien mais, si je vais voir la police, ils vont découvrir notre liaison et ma carrière sera finie. Mais j’ai entendu dire que vous arriviez à arranger les situations et à retrouver les choses. J’ai besoin de votre aide, vous devez aller à la maison de Ruth et récupérer cette tablette d’argent. Discrètement, bien sûr. Ramenez-la sous vingt-quatre heures et vous ne le regretterez pas... ».